Il y a quelques années, je me suis intéressée aux femmes aventurières ; celles qui ont poursuivi leurs idéaux en vers et contre tout. Un jour, j’ai découvert Mademoiselle de Maupin.

Cette chanteuse de l’opéra de Paris, quasiment inconnue aujourd’hui, a vécu dans un XVIIème siècle pétri de convenances et de règles. Pourtant, elle semble avoir toujours suivi ses désirs et cherché sa propre vérité : féministe avant l’heure, peut-être même humaniste.

Plus j’apprenais de choses sur elle, plus sa vie rocambolesque me fascinait ; plus elle-même me paraissait moderne et inspirante. Lorsque je me suis penchée sur les partitions qu’elle avait chantées, je me suis aperçue que la plupart de son répertoire était tombé dans l’oubli, mais surtout, que nous avons la même tessiture vocale ;

bas-dessus à l’époque, mezzo ou alto aujourd’hui.

Tous les ingrédients étaient là, j’ai commencé à rêver à ce projet.

A l’heure où la pluralité de l’être humain est sur toutes les lèvres, sa vie m’est apparue comme une parfaite illustration de ce désir de liberté : pour les femmes, pour les artistes, pour tout un chacun.

Chaque milieu a ses codes. On ne peut s’en affranchir. Mademoiselle de Maupin les a utilisés et adaptés pour être au plus proche d’elle-même.

De même pour la musique; une fois les codes baroques éclaircis et le langage apprivoisé, les sentiments évoqués sont intemporels et universels.

Ce qui était valable à son époque, l’est tout autant aujourd’hui.

A travers l’histoire particulière de cette chanteuse et mon expérience de la scène, ce spectacle souhaite évoquer les réflexions d’un artiste vis-à-vis de son art, de sa vie et de son époque.

Comment des hommes et des femmes du XXIème siècle peuvent-ils être nourris par ce tourbillon qu’était Mademoiselle de Maupin ?

Camille Merckx